dimanche 28 avril 2013

j'suis pas bien


Merci William Sheller de me fournir un titre d'article et son illustration sonore clé en main.

Désolé pour cette non-vidéo : chanson rare sur le net !

En vrai je ne suis pas comme ça. Positiviste maniaque, je cache mon amer réalisme derrière une attitude toujours tournée vers le bon, le mieux. Dès qu'un(e) ami(e) semble flancher, je suis toujours prompt à l'aider à chercher les aspects positifs à mettre en avant. Pour faire court, en vrai réac des bons côtés je vois toujours le verre à moitié plein.

Ben là non. Ça va pas. Pas bien compliqué à expliquer : je pense que je n'ai pas encore digéré l'année 2012. Si vous avez suivi un peu les articles de la fin d'année dernière, vous savez de quoi je parle. Les psy de service diront que je n'ai pas fait mon deuil. Possible, probable... encore que... Mais ça veut dire quoi au juste ? J'y vois un simple exemple de politiquement correct, un bon moyen que notre monde du "happy face" permanent et obligatoire a trouvé pour d'une part justifier qu'on puisse faire la gueule un moment après avoir perdu un proche ou un hamster (belle connerie aussi que de mettre cette idée à toutes les sauces, pourrais-je prendre un peu de temps pour faire le deuil de la fin de Dexter ?) et d'autre part pour gentiment et au nom du bien commun t'envoyer chialer un peu à l'écart parce que là franchement, tu casses l'ambiance avec ton mort.
Au boulot on est trois dont le père est mort en deux mois de temps. Putain de 2012. C'est bien, on peut s'isoler en groupe comme ça ! Et on n'a même pas besoin de se parler, il suffit qu'on se regarde en face et tout y est.
Moi mon deuil il est fait depuis le 18 octobre dernier. Je me tenais à côté de son lit et je savais qu'il n'était déjà plus là. Que ça ne servait à rien de lui tenir la main ou d'attendre un quelconque signe (de quoi d'ailleurs ?). C'est fou comme un corps peut refroidir vite. Je lui ai parlé bien-sûr, comme j'ai recommencé quelques jours plus tard en lui disant adieu (raaaah, je déteste ce mot - pas pour ce qu'il signifie mais parce que Dieu n'a vraiment rien à foutre là-dedans). Ce que je lui ai dit ne regarde que moi, et un peu lui mais bon, donc vous n'en saurez rien bande de voyeurs nécrophiles ! Disons qu'il fallait que je me convainquisse que je faisais bien mon entrée dans le monde des adultes et que j'avais besoin de vérifier la bonne compréhension de certains de ses messages des 30 et quelques dernières années. Je savais que là le monde avait changé pour de bon.

Reste à "construire" ma vie sans lui. Je mets des guillemets parce que je n'ai pas non plus attendu ça pour construire quelque-chose, je devrais plutôt dire aménager. C'est dur, ça prendra du temps. J'suis pas bien. Il me manque.


notes :
edit du 30 avril : et personne n'a pensé à me signaler que le lien dans la note juste au dessus n'y était pas ?!

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Ouais… Je ne connais pas encore. Ça viendra certainement… Alors, je n'ai pas de mots pour tes maux. Je ne sais pas encore, si le "Bon courage !" est bien de rigueur… Bref. Juste laisser une trace pour te dire que j'avais lu.

Anonyme a dit…

On ne s'habitue pas malheureusement... Voilà presque 20 ans que mon frère est mort et il me manque toujours autant. On continue d'avancer pour nous, pour ceux qui restent et parce que c'est ce qu'ils auraient voulu... De tout coeur avec toi. L.

E. (fait semblant de conserver un peu d'anonymat !) a dit…

Merci Élé... toujours prompte à partager !
On a beau se préparer, il faut quand-même traverser l'épreuve. Le plus tard possible, c'est toujours mieux...

E. (fait semblant de conserver un peu d'anonymat !) a dit…

Merci L.,

je ne savais pas... si tu es bien la personne à qui je pense ! Sinon baaah, je ne savais pas non plus !..
Voilà en fait, on ne s'habitue pas. On vit avec.

Les Piroud a dit…

Une grosse bise lointaine...

E. (fait semblant de conserver un peu d'anonymat !) a dit…

Bonjour aux lémuriens ! ;-)

Unknown a dit…

Pas simple d'avancer sans un proche, le temps ne le remplacera pas, mais t'aidera quand même à ce que ce soit moins douloureux .
Tu es entouré de personnes qui t'aiment (les plus près vivent sous le même toit que toi) compte sur eux pour t'aider à affronter ça avec toi chacun à leur manière.
bise from L.A.

E. (fait semblant de conserver un peu d'anonymat !) a dit…

Oui oui, heureusement qu'ils sont là !

Anonyme a dit…

Evidemment, tu ne savais pas, ce n'est pas le genre de choses qu'on dit en salle de pause...
Si je peux me permettre un conseil à tous, surtout ne pas hésiter à dire ses sentiments aux gens qui vous entourent. Ce n'est sans doute qu'une faible consolation le moment venu mais c'est mieux que des regrets je pense... Bises. L.

Olivier a dit…

Hum, hum... pas si sûr que "ce soit fait", comme tu dis...
Le constat, brut et amer, que l'irréparable s'est bien produit ne signifie pas pour autant qu'on s'est apaisé, qu'on a surmonté l'épreuve et qu'on a finalement accepté ce qui s'est passé.
En tous cas, ce que tu en dis me laisse penser le contraire.
Et de rappeler qu'il y a des gens - curé, toubib, coiffeur, ou psy, c'est comme on le sent - qui peuvent aider à mettre des mots sur les maux...

Quant à l'imparfait du subjonctif, il aurait adoré... ;)

Olivier a dit…

Si, si... moi j'avais vu qu'il n'y était pas le lien... mais je suis discret, pas du genre à pointer les erreurs des autres !